Par Grégoire Baur

La vérité sur l'affaire harry quebert« Un bon livre ne se mesure pas à ses derniers mots uniquement, mais à l’effet collectif de tous les mots qui les ont précédés. Environ une demi-seconde après avoir terminé votre livre, après en avoir lu le dernier mot, le lecteur doit se sentir envahi d’un sentiment puissant ; pendant un instant, il ne doit plus penser qu’à tout ce qu’il vient de lire, regarder la couverture et sourire avec une pointe de tristesse, parce que tous les personnages vont lui manquer. Un bon livre, Marcus, est un livre que l’on regrette d’avoir terminé ».

Je regrette d’avoir terminé le dernier roman de Joël Dicker. De l’avoir terminé si vite. 665 pages avalées en 7 jours. Pour quelqu’un qui n’aime pas les «gros pavés», c’est un exploit remarquable.

« D’une fois que vous l’aurez commencé, vous ne le lâcherez plus », m’avait dit la libraire. Intérieurement je me disais qu’elle me connaissait mal, même pas du tout. Pourtant, elle avait raison. Quand on débute « La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert », on ne peut plus s’en passer.  On devient accro. On a besoin de sa dose, chaque jour. Besoine de savoir la suite. Et ce n’est pas par hasard.

Joël Dicker est intelligent. Il a compris ce que désirent les gens, ce qui les passionnent. Et simplement, il leur sert cela sur un plateau. Cela ? Du fait divers ! Du sordide ! Ce dont les gens raffolent. Ce qui fait vendre dans la presse aujourd’hui, Joël Dicker l’a utilisé afin de réaliser son roman. Et ça marche.

Le lecteur désire connaître la suite. Il participe à l’enquête de Marcus, ce jeune écrivain venu aidé son ancien prof. Petit à petit il comprend ce qu’il s’est passé en 1975, lors de l’assassinat de Nola. Les différentes pistes le mènent à un suspect. Ça ne peut être que lui ! Et finalement non ! L’enquête repart de zéro.

De retournement de situation en retournement de situation, le lecteur s’engouffre dans le livre et désire savoir la suite. « Lorsque vous arrivez en fin de livre, Marcus, offrez à votre lecteur un rebondissement de dernière minute. – Pourquoi ? – Pourquoi ? Mais parce qu’il faut garder le lecteur en haleine jusqu’au bout. C’est comme quand vous jouez aux cartes : vous devez garder quelques atouts pour la fin ». Le lecteur est tellement en haleine, qu’il devient presque Marcus Goldman. Il veut répondre à la même question que lui se pose: Qui a tué Nola Kellergan ? L’utilisation du « je » l’aide à faire cette identification. Il vit cette enquête comme s’il y était, à Aurora dans le New Hampshire.

Il la vit pleinement. À un rythme effréné. Un rythme permis par le style d’écriture. Très journalistique, variant les phrases longues à de nombreuses phrases courtes, voire très courtes. Un style loin d’être soutenu, mais qui reste magistralement bien écrit.

Et soudain, sans qu’on s’en rende vraiment compte, c’est la fin. Et quelle fin ! « Le dernier chapitre d’un livre, Marcus, doit toujours être le plus beau ». Beau, et inimaginable tout au long du livre.

Un livre, tout au long duquel Joël Dicker semble suivre les conseils que donne Harry Quebert à Marcus Goldman dans ce même ouvrage. Ceux d’un écrivain de talent, qui sait comment écrire un livre à succès.

En finissant le roman de Joël Dicker, j’ai regardé la couverture et j’ai souri… avec une pointe de tristesse.

Ce roman est un bon livre. Un très bon livre !